Jour 47 – 27 mars 2019

Extrait de mon récit intitulé : Français, langue de libertés

Assise au grand air, dans la boite arrière d’une camionnette, Sofía inhale la poussière que le roulement des pneus fait s’envoler. Sa main dans celle de sa fille, elles respirent le parfum du Mexique.

Voilà cinq jours que, clandestines, elles ont quitté leur Guatemala natal. Sofía a pris la fuite en n’emportant que sa fille, Anna – sa perle basanée qu’elle a mise au monde neuf ans plus tôt – et le peu d’économie qu’elle avait réussi à amasser ces dernières années. Sofía avait prémédité leur départ à la suite de sa rencontre avec Nathalie, une touriste arrivée de Montréal qui venait séjourner quelques semaines dans son village de San Roman. Nathalie voulait visiter les vestiges mayas. Chaque jour, sur les berges du lac Petén Itzá, Sofía venait savourer, avec Anna, les paroles de la Québécoise. Elles l’écoutaient raconter, dans un espagnol presque parfait, les grandeurs de sa ville aux cent clochers. Tout au nord des États-Unis. Une ville où Dieu avait réussi à toucher le cœur des hommes. Un endroit où les pauvres vont à l’Université. Où les femmes gagnent de l’argent sans porter le poids de la culpabilité, sans remords pour leurs enfants et leur mari. Une ville où les rafales de l’hiver dictent des poèmes… en français. En plus des histoires de sa patrie, Nathalie leur apprenait des mots bien de chez elle. Comment les camionnettes sont des pickups, que le froid est frette et que les jouets sont des bébelles. Montréal rayonnait en Sofía comme l’unique salut pour sa fille. Un havre où elle pourrait, contrairement à elle, vivre sa vie en femme libre.

Le conducteur du pickup immobilise le véhicule sur l’accotement de la route 54 qui sépare le village de Salinas Victorias du Rio Grande. Ce fleuve au nord-est du pays, la dernière étape avant de quitter le Mexique.


En 2019, je me discipline à composer aussi souvent que possible…
bon voyage au centre de mon imaginaire!

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