Ma lucidité guerroie les affres de l’anesthésie immiscées en mes veines. La gorge écorchée par l’intubation enfoncée dans mon pharynx, les poumons brulés par une respiration factice, ma langue saturée de sécheresse, j’encaisse la violence qu’impose l’ouverture de mes paupières. Les rayons blancs et clairs que je perçois à travers mes yeux clos me font maudire l’astre solaire, celui que j’aurais souhaité, en cet instant, encore dissimulé derrière la Terre. J’appréhende ce réveil, mais ne pouvant m’astreindre à l’inconscience, j’affronte l’inconnu, les tremblements au ventre. Ces mêmes tremblements qui foudroyèrent mon diaphragme lorsque, impuissante, ma conscience quitta mon existence. Je ne sais combien d’heures d’amnésie se sont ajoutées cette nuit. Il était 2h30 lorsqu’on me conduisit au bloc opératoire. On devait m’éveiller trente minutes plus tard, toi dans mes bras. Mais mes bras et mon ventre sont déserts. Je discerne le timbre de la voix de ton père, mais je n’entends pas ses mots, comme un bruit sourd d’une langue étrangère. L’ouïe en acouphène je ne peux que ressentir cette seconde qui me sépare de la réalité, cette seconde où c’est par mon corps que j’arrive à attacher les fils de notre histoire.
En 2019, je me discipline à composer aussi souvent que possible…
bon voyage au centre de mon imaginaire!
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